Tom Enders a assuré que les décisions annoncées mercredi dernier sur
la nouvelle gouvernance d’EADS avaient été préparées «en coopération
étroite avec tous les patrons de divisions» et approuvées par tous, en
particulier Fabrice Brégier, le PDG d’Airbus. Ce dernier, à la tête de
la plus emblématique filiale du groupe, aurait, de fait, reçu des
garanties en contrepartie de prérogatives qui, d’évidence, sont bel et
bien diminuées.
En effet, M. Brégier supervisait jusqu’à présent les avions
militaires d’Airbus Military. Ces appareils - les ravitailleurs A330
MRTT, et le transporteur A400M - en grande partie conçus par Airbus,
avaient été rapprochés de l’avionneur en 2009 après le fiasco de
l’A400M. À la tête d’Airbus Military, Dominigo Ureña-Raso était ainsi
placé sous la houlette de Fabrice Brégier. Le PDG d’Airbus aurait
souhaité que ce dispositif soit maintenu dans la nouvelle gouvernance.
Mais avec la constitution d’un pôle Airbus Defense & Space, placé
sous la direction de l’Allemand Bernhard Gerwert, la filiale du nouvel
Airbus perd les avions militaires pour se concentrer désormais
exclusivement sur les avions civils.
Quelles conséquences aura ce changement sur les sites toulousains
d’Airbus ? Difficile à dire pour l’instant. L’A400M est assemblé à
Séville en Espagne et l’avion ravitailleur A330MRTT à Getafe au sud de
Madrid. La «perte» des avions militaires aura donc un impact limité sur
les sites toulousains.
Pris au dépourvu par l’annonce de la nouvelle gouvernance, les
syndicats entendent rester vigilants sur l’emploi. Si les salariés dans
les usines et les bureaux d’études ne devraient pas être touchés par
cette réorganisation, celle-ci pourrait en revanche amener des
changements chez les cadres dirigeants.
«Le changement de dénomination ne pose pas de problème», expliquait à
La Dépêche Didier Hacquart, responsable syndical cadre CFDT. «Mais la
création d’une telle entreprise centralisée est-elle gouvernable ?»,
s’interroge-t-il, s’inquiétant également de l’harmonisation des
négociations sociales au sein des différentes entités. «Nous serons
vigilants en termes d’emplois», prévient de son côté Xavier Petrachi,
délégué syndical central CGT d’Airbus.
En tout cas, Airbus à Toulouse ne manquera pas de pain sur la
planche. Le programme A350, prochain long-courrier qui doit entrer en
service d’ici la fin 2014, «entre dans la phase la plus critique». «Le
calendrier a été respecté jusqu’à présent, a souligné Tom Enders, mais
la phase de certification et le démarrage de la production ne seront pas
une promenade de santé». Autant dire que dans la Ville rose, tout le
monde sera sur le pont, même après la réorganisation. Ph. R.
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